lécurement du monde
Il y a des moments où je n’ai rien à prouver à personne, parce que je n’ai rien à me prouver. Parce que je n’ai plus à me débattre pour faire du bruit pour couvrir la douleur. Je crois que c’est ce qui ressemble le plus au bonheur de ce que je connais. Qu’il n’y a plus à courir après quelque chose pour le fuir. Que c’est là, de toutes façons. Je n’ai pas à me convaincre, je n’ai pas à convaincre qui que ce soit, c’est là, c’est tout. Je ne suis plus ni gagné, ni perdu. Je n’ai pas besoin de courir après des images de réussite ou d’échec, je ne suis plus essoufflé, je suis sorti de la course. Je suis à l’abri. Je suis à l’abri dans mon territoire et mon territoire est à l’abri du reste du monde. Je n’ai pas à me battre parce que… en quelque sorte personne ne peut venir me déranger et je ne me dérange pas non plus. Je crois que je suis mort. Déjà. Parce que je ne désire plus rien du tout. Parce que je m’en fous du désir, que je ne sais même plus ce que c’est. C’est-à-dire que je ne veux plus rien dire, que je n’ai pas besoin de dire quelque chose, que je n’ai pas besoin de lutter pour m’affirmer, non, que je suis en vie, que je le sais, que je n’ai pas besoin de le prouver. Que je ne suis personne, que je m’en fous d’être quelqu’un. Que je ne me laisse pas avoir avec la vanité narcissique de la course et de la lutte. Que ça n’a aucune importance, que c’est évident à quel point et que ça va.
Je ne me rappelle déjà plus de l’odeur de sa peau, ni de sa douceur, ni de sa carnation, déjà. Je ne me rappelle plus de sa voix, comme elle glissait dans mon corps quand je l’écoutais. Je ne me rappelle plus de la chaleur de son corps quand je m’y réfugiais. Je ne me rappelle plus de l’amour dans ses regards quand ils se posaient sur moi. Je ne me rappelle plus de l’effervescence de son corps quand il redevenait un enfant dans mes bras. Je ne me rappelle plus de sa tendresse, ni de son espoir immense, ni de son incapacité à vivre. Je ne me rappelle plus de son impuissance devant la difficulté de la vie, la difficulté qu’il se choisissait sans même s’en rendre compte. Je ne me rappelle plus de son besoin morbide de tout détruire tout le temps pour se croire vivre ou pour oublier qu’il vit. Je ne me rappelle plus le bruit fracassant de ses angoisses. Je ne me rappelle plus comme mon cœur battait d’entendre le sien battre si fort pour moi. Je ne me rappelle déjà presque plus que je ne me rappelle plus.
Là, je crois que je peux dire que je suis en paix, c’est-à-dire que je me fous la paix, que je suis comme après un orgasme, rassasié, rassasié presque jusqu’à l’écœurement du monde. Qu’en quelque sorte, je suis trop bien pour trouver la force de me battre pour des conneries, que je m’en fous complètement, parce que je sais que ma vie ne se joue pas à ça, au bonheur des images narcissiques, que je n’ai qu’à la vivre, que je n’ai rien à mériter, ni à prouver et que je n’ai pas non plus à me punir pour quoi que ce soit. Je m’en fous, je savoure que je m’en fous, c’est incroyable à quel point, et à quel point c’est bon.
Je ne me rappelle déjà plus de l’odeur de sa peau, ni de sa douceur, ni de sa carnation, déjà. Je ne me rappelle plus de sa voix, comme elle glissait dans mon corps quand je l’écoutais. Je ne me rappelle plus de la chaleur de son corps quand je m’y réfugiais. Je ne me rappelle plus de l’amour dans ses regards quand ils se posaient sur moi. Je ne me rappelle plus de l’effervescence de son corps quand il redevenait un enfant dans mes bras. Je ne me rappelle plus de sa tendresse, ni de son espoir immense, ni de son incapacité à vivre. Je ne me rappelle plus de son impuissance devant la difficulté de la vie, la difficulté qu’il se choisissait sans même s’en rendre compte. Je ne me rappelle plus de son besoin morbide de tout détruire tout le temps pour se croire vivre ou pour oublier qu’il vit. Je ne me rappelle plus le bruit fracassant de ses angoisses. Je ne me rappelle plus comme mon cœur battait d’entendre le sien battre si fort pour moi. Je ne me rappelle déjà presque plus que je ne me rappelle plus.
Là, je crois que je peux dire que je suis en paix, c’est-à-dire que je me fous la paix, que je suis comme après un orgasme, rassasié, rassasié presque jusqu’à l’écœurement du monde. Qu’en quelque sorte, je suis trop bien pour trouver la force de me battre pour des conneries, que je m’en fous complètement, parce que je sais que ma vie ne se joue pas à ça, au bonheur des images narcissiques, que je n’ai qu’à la vivre, que je n’ai rien à mériter, ni à prouver et que je n’ai pas non plus à me punir pour quoi que ce soit. Je m’en fous, je savoure que je m’en fous, c’est incroyable à quel point, et à quel point c’est bon.