un monde d'amour
Je ne suis pas en guerre, parce que je n’ai pas d’ennemis. Parce que je n’ai pas besoin de désigner des ennemis pour me battre, pour m’affirmer, pour me donner l’illusion que je vis. L’illusion, je ne l’ai pas. Je me bats quand j’écris mes bouquins, ça me prend trop d’énergie pour que je n’en aie pas un peu rien à foutre du reste, même si le reste n’a rien à foutre de mes bouquins. Et puis, se désigner des ennemis, c’est se faire mal pour rien, écouter les phobies des autres, leur haine, les échecs qu’ils vomissent, ça blesse, c’est tout ce que ça fait. J’ai entendu, j’ai souffert, c’est bon, j’ai compris ce que c’est. Je veux construire ma vie loin de tout ça dans un monde qui n’existe pas plus que n’importe quel monde, pas plus que le monde de la guerre ou de l’horreur, mais dans un monde dans lequel je suis à l’abri. Je vis dans un monde sans guerre, sans horreur, plein d’amour et de respect, je ne peux rien faire d’autre, je ne peux qu’inviter les gens à venir ou à se fabriquer le leur. Se mettre à l’abri, être sauf. Je ne sacrifierai pas mon bonheur parce que les gens meurent autour de moi. Et ça ne m’empêche pas de les entendre hurler les gens, ça ne m’empêche pas de hurler avec eux, parce qu’il n’y a rien d’autre à faire, hurler, et on le fait, et on n’arrête pas. Je ne me bousille pas la vie pour hurler et je ne fais pas comme si j’étais une victime de ce monde, il y a des vraies victimes de ce monde, pas moi.
Je ne pense pas que j’aille très mal, mais s’il faut que je dise que je vais très mal pour donner envie qu’on me serre dans ses bras, alors… non, je ne dirais pas que je vais très mal et puis je ne sais même pas si j’ai envie qu’on me serre dans ses bras, effectivement je n’y crois plus du tout. Je regarde les gens s’aimer, je regarde comment on m’a aimé, et ça me fait rire à quel point c’est n’importe quoi, à quel point je m’en passe très bien, à quel point ça ne vaut pas la peine que c’est. Si je dis ça, c’est qu’effectivement je vais très mal et qu’on peut me serrer dans ses bras. J’attends !
Je suis victime de ne pas être une victime de ce monde, en tout cas pas plus qu’un autre. Ça fait que je ne peux pas m’inventer des problèmes que je n’ai pas, ni faire comme si la haine et les phobies des autres m’empêchaient de vivre, parce que ce n’est pas vrai, parce que je peux rire au nez des gens haineux et phobiques, parce que j’ai ce luxe-là, parce qu’ils ne me mettront pas en prison ou ne me tortureront pas de rire, ça fait aussi que comme je ne hurle pas, moi, de ma vie, que mon hurlement ne couvre pas les bruits autour, je peux entendre le hurlement des autres, et qu’il est insoutenable et assourdissant, que je ne peux pas faire comme si les gens ne hurlaient pas dans ce monde, mais que je ne peux pas hurler comme eux, pour eux, avec eux, oui, comme eux non.
Je ne pense pas que j’aille très mal, mais s’il faut que je dise que je vais très mal pour donner envie qu’on me serre dans ses bras, alors… non, je ne dirais pas que je vais très mal et puis je ne sais même pas si j’ai envie qu’on me serre dans ses bras, effectivement je n’y crois plus du tout. Je regarde les gens s’aimer, je regarde comment on m’a aimé, et ça me fait rire à quel point c’est n’importe quoi, à quel point je m’en passe très bien, à quel point ça ne vaut pas la peine que c’est. Si je dis ça, c’est qu’effectivement je vais très mal et qu’on peut me serrer dans ses bras. J’attends !
Je suis victime de ne pas être une victime de ce monde, en tout cas pas plus qu’un autre. Ça fait que je ne peux pas m’inventer des problèmes que je n’ai pas, ni faire comme si la haine et les phobies des autres m’empêchaient de vivre, parce que ce n’est pas vrai, parce que je peux rire au nez des gens haineux et phobiques, parce que j’ai ce luxe-là, parce qu’ils ne me mettront pas en prison ou ne me tortureront pas de rire, ça fait aussi que comme je ne hurle pas, moi, de ma vie, que mon hurlement ne couvre pas les bruits autour, je peux entendre le hurlement des autres, et qu’il est insoutenable et assourdissant, que je ne peux pas faire comme si les gens ne hurlaient pas dans ce monde, mais que je ne peux pas hurler comme eux, pour eux, avec eux, oui, comme eux non.