Je suis gagné... je veux dire : je suis perdu...

Publié le par claude pérès

  Je voudrais écrire sur ce qui fait que la vie est douce aussi, sur ce qu’il y a de tendre à vivre, sur ce qui donne envie.

  C’est incroyable à quel point on peut s’accrocher pour tenir, serrer les poings, les dents, tout ce qu’on veut, tenir, n’avoir plus rien d’autre en tête, ne pas flancher.

  Je voudrais écrire sur ce qui fait que je m’apaise, sur ce qui fait que je ris aussi, que tout vole parfois en éclat de rire.

  On n’écrit pas sur le bonheur, ce n’est pas sérieux, et puis c’est obscène et forcément tellement naïf.

  Je veux dire les choses précisément, les nommer, les entendre, m’y confronter.

  Qu’est-ce que c’est âpre la vie parfois quand même.

  Je n’ai rien à raconter. Je ne suis pas menteur, je ne raconte pas. Rien.

  Je ne le dis pas, parce que je me rends compte à quel point c’est con, mais on pourrait tous tellement mieux faire, que des fois les gens me dégoûtent. Ces derniers temps non, par contre, je m’en fous.

  Je voudrais écrire sur ce qui fait que mon cœur bat plus fort parfois, que je flanche et que c’est bon de flancher.

  Je ne pardonne pas les faiblesses des gens, je ne pardonne pas mes faiblesses, ça me paraît dégueulasse. Ces derniers temps, par contre, je n’en ai rien à foutre, ça n’est pas mon problème, ça ne peut pas.

  Quand l’humanité a inventé les dieux et les maîtres, je suppose que c’est évident que c’est parce qu’elle ne pouvait pas vivre. On ne peut pas vivre avec les dieux et les maîtres, mais on a une raison de ne pas pouvoir vivre au moins.

  Je voudrais écrire sur ce qui fait la vie douce, sur ce qui donne envie de la vivre, oui, sur ce qui fait qu’on ne se pose plus de questions, qu’on ne cherche plus de réponses, tellement tout est évident et tellement tout est bon que c’est comme ça et qu’il ne faut pas que ce soit autrement.

  Les dieux et les maîtres, ça ne sert pas à aider à vivre, ça sert à avoir une raison de ne pas pouvoir vivre.

  Je sais que je raconte n’importe quoi, j’en ai conscience. Je ne peux pas dire que ça me gène. Je ne peux pas dire que personne autour de moi ne raconte pas n’importe quoi aussi.

  Je voudrais écrire sur le fait que je ne suis pas content, parce que je ne me contente pas de ça, qu’il y a mieux à faire, qu’on peut tous tellement mieux faire, que ça m’écœure qu’on n’essaie même pas, que les gens me font gerber, que j’emmerde tout le monde, que je les nique, que je les nique profond et longtemps, que je les gerbe en fait, que je nous gerbe tous tellement je ne peux pas digérer ça, que si les gens peuvent tenir une seconde dans cette société de merde qui les avilit et les soumet, qu’ils aillent se faire foutre ces connards, que ce ne sont pas des gens bien de toutes façons, que leur vie est pourrie et qu’ils pourrissent tout autour et que ça fait d’eux des pauvres merdes négligeables. Là, il faut voir que ça me fait rire d’écrire ça parce que je n’y crois plus.

  Je suis attendri par les gens, les gens, c’est n’importe qui, je sais, je suis attendri parce qu’on est tous tellement égaux devant la difficulté de la vie qu’on ne peut en vouloir à personne.

  Je crois que ça y est, je suis abattu, ça y est, c’est fait. Je suis fragile, je n’ai pas tenu face à toute la douleur de la vie, je n’ai pas pu, je ne peux pas. Je ne suis plus en colère, je m’en fous de tout, ça n’a plus aucune importance, je n’y crois plus, ça ne vaut pas la peine, c’est fait, je suis gagné… je veux dire : je suis perdu.

  Non, ce n’est pas possible, ce n’est pas moi, non, non, non. Non, pitié, non.

Publié dans ruptures

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C
bienvenu au club :(
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M
coucou,<br /> très jolie paroles<br /> 10 sur 10<br /> bisou<br /> mystigri
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M
non...on sait que ce n'est pas toi ça d'être perdu...!!!
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